"Adoption internationale, un scandale planétaire" sur Public Sénat (1er juin 2025)

 

"L'adoption internationale est aujourd'hui au coeur d'un scandale d'une envergure sans précédent : une quantité innombrable d'enfants adoptés à l'étranger auraient été séparés de leurs parents". Depuis 1950, les agences coréennes d'adoption internationale auraient engrangé plus de 3 milliards de dollars. Ces enfants étaient adoptés en Suède. Depuis les années 50, plus de 1 million d'enfants ont été adoptés en provenance de 100 pays différents. Un enfant adopté à l'étranger rapporte 5 fois plus que dans le pays. Un marché concurrentiel au profit juteux.

 

 

 

 

Documentaire de Christine Tournade

et de Sonia Gonzales

 

     
 

Dans les années 80, l'adoption internationale s'ouvrait en Amérique latine, dans les années 90, elle s'étendait dans les pays de l'Est, puis dans les années 2000, en Chine et dans les pays sub-sahariens. Aujourd'hui, une adoption prevenant d'un pays comme la Corée, coûte 25 000 euros voire plus. Yves Denéchère, professeur d'histoire contemporaine est spécialiste de l'adoption internationale. Il décripte comment les pratiques se sont froidement inscrites dans un marché économique répondant aux lois de l'offre et de la demande. "A partir du moment, où les sociétés occidentales cadidates à la demande, se rendent dans des pays de départ d'enfants, emportant des demandes nombreuses, bien souvent, cet afflux de demandes bousculent complétement le fragile équilibre qui pouvait exister. cela veut dire que l'on va dans ces pays là, créer des orphelins, pour répondre à la demande. Et là, on voit apparaître des pratiques déviantes. Parce que dans ce schéma là, il y a toute sorte d'intermédiaires véreux, qui vont flairer le bon filon. Dès lors qu'il y a de l'argent dans le système international, le système est vicié".

L'adoption internationale transforme les enfants en marchandise, soumise à la loi de l'offre et la demande, et les expose à la fraude systémique. Dans certains cas, ces fraudes ont été orchestrées au plus haut sommet de l'Etat. Depuis 1979, après les USA, la France est le pays qui a le plus adopté au monde. D'après le Ministère des affaires étrangères, 100 000 visas ont été atribués pour les adoptions, en provenance de 80 pays.

Nous assistions alors à des enlèvements et disparitions forcées. Les adoptions illégales..

 
     

 

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A la fin des années 80, la notion du droit de l'enfant apparaît dans les grandes instances internationales. Le 29 mai 1993, une soixantaine de pays se réunissant et signent la Convention internationale de La Haye. Elle propose pour la première fois, la régulation de l'adoption internationale dans l'intérêt supérieur de l'enfant.

L'idée est que l'adoption se fasse en priorité dans le pays. Mais tous les pays n'ont pas adhéré. Les effets de la Convention sont limités.

Le nombre d'adoptions internationales a malgré tout progressé; en 2003-2004 il a atteint les 40 000 adoptions par an, dans le monde. En 1980, il était de 20 000 par an. Dans le même temps, le trafic d'enfants continue. Ex. en 2017, au Sri Lanka, 11 000 enfants adoptés ont été volés ou arrachés à leurs parents biologiques.

 
     

 

     
 

Au Pays Bas, Suite au scandale des fermes à bébés (femmes séquestrées et violées pour engendrer des enfants à adopter, les déclarations à l'Etat civil étaient faites par des fausses mères), une commission d'enquête était ouverte en 2021 par le gouvernement, sur les abus de l'adoption internationale. Les conclusions du rapport de Tjibbe Joustra, président de la Commission, rejoignent celles de Patrick Loumber en Suède. "Notre rapport indique clairement que les fraudes sont systémiques et non accidentelles, c'est inhérent au fonctionnement de l'adoption internationale".

Yves Denéchère souligne qu'il y a beaucoup de monde qui s'intéressent à l'adoption et cela fait beaucoup d'électeurs. L'ensemble constitue un groupe de pression important, pro-adoption internationale.

Mais avec les progrès de la procréation assistée, le nombre de demandes internationales a baissé dans le monde. De 40 000 / an en 2004, à 4000 / an en 2024. Les équilibres s'inversent et sous la pression des adoptés (adultes victimes), certains pays acceptent de revoir leur politique. Au Pays-Bas, en Suisse et au Danemark, une suspension temporaire ou partielle des adoptions internationales, a été décidée. La France, la Suède et la Belgique, reconnaissent des irrégularités mais n'ont engagé aucune action concrête.

Dans le reste des pays adoptant, c'est le néant. Aux USA, au Canada, en Espagne, en Italie, et en Allemagne, les adoptés victimes sont isolés.

Aujourd'hui, le Chili est le seul pays autorisant les adoptés à déposer plainte. Olivier de Frouville, Président du Comité des disparitions forcées à l'ONU : "Les victimes d'adoption illégale ont droit à leur identité et à la vérité, et les Etats sont les débiteurs de ce droit. La 2ème dimension fondamentale c'est la réparation. Il y a des négligences graves et parfois des crimes. La 3ème dimension, c'est la justice. Il doit y avoir des poursuites qui soient lancées contre les responsables de ces crimes."

 
     

 

NOMBRE D'ENFANTS ADOPTES A L'ETRANGER PAR DES RESSORTISSANTS FRANCAIS OU DES ETRANGERS RESIDANT EN FRANCE
2024 103 enfants  
2023
176 enfants
 
2022
232 enfants
 
2021
252 enfants
 
Source France-Diplomatie

 

On constate à partir de 2005, une baisse continue des adoptions internationales. On est passé de 2004-2005, de 4000 adoptions par an, en France, à 103 adoptions par an en 2024; donc divisé par 40 en vingt années. On assiste à un effrondrement de l'adoption internationale.

 

PREMIERS PAYS D'ORIGINE DES ENFANTS ADOPTES PAR DES FRANCAIS EN 2024
VIETNAM 21 adoptions  
THAILANDE
20 adoptions  
COLOMBIE 11 adoptions  
MADAGASCAR 9 adoptions  
INDE 7 adoptions  

 

Xavier IACOVELLI, membre de la Commission des affaires sociales, membre du groupe Rassemblement des Démocrates progressistes et indépendants (RDPI), Sénateur (92) et vice-président.
 

"On a aujourd'hui un peu moins de 10 000 parents en France, agréés en France. On a en France un peu moins de 1000 enfants adoptables, pupille de la nation et adoptables."

"Comment est-ce que notre législation, notre vision aussi des enfants français fait en sorte que l'on ne maintienne pas systèmatiquement le lien biologique, avec des enfants qui sont mis à l'ASE, par exemple, on sait très bien qu'ils sont placés à 3 mois, et du coup, ils vont être placés jusqu'à 18 ans, ils ne reviennent jamais dans leur famille, en tous cas pendant leur minorité, et malgré tout, les procédures de délaissement sont encore trop peu nombreuses et du coup on ne peut pas à la fois répondre à la demande des parents qui veulent adopter et à des enfants qui vont être 18 ans dans les institutions, plutôt qu'être dans une famille aimante et accompagnante."

"La France a commis des manquements collectifs"

"On a de moins en moins d'adoptions Internationales et de fait que l'adoption internationale diminue, et faisons en sorte de rendre les enfants qui sont aujourd'hui sous la protection en France, de pouvoir être adoptables, avec des procédures de délaissement beaucoup plus simples, même si la loi Taquet a accéléré ces procédures de délaissement pour faire de ces enfants pupilles de la nation, soient vraiment adoptables et répondre à la fois aux parents adoptifs qui n'auront pas besoin d'aller du coup d'aller à l'internationale, mais aussi de s'occuper de ces enfants qui sont sur notre territoire et qui ont aussi besoin de famille et ne pas vivre 18 ans dans l'institution de l'aide sociale à l'enfance qui n'est pas la plus opérante dans le pays."

 

 

Jean MIGNOT est sociologue et démographe, chercheur au CNRS au groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne (GEMASS)
 

"Les institutions religieuses françaises mettaient en place des adoptions dans les années 50-60, et pas qu'au Chili régie par une dictature"

"Je pense que toutes ces personnes de bonne volonté, il est très vraisemblable que nos actions au moins au global, permettent de promouvoir l'intérêt des enfants que l'on nous a chargé de recueillir. Il me semble que les institutions, les médias, les chercheurs, enfin la collectivité, a négligé de l'éventualité que des enfants ne soient pas abandonnés retirés à leurs parents, malgré le non consentement de ces parents ou soient carrément conçus d'être ensuite vendus à l'adoption. En fait ces personnes qui avaient quand même l'intérêt de ces enfants, ce que nous avons négligé, c'est l'éventualité que, soit l'appât du gain, soit le fait de fermer les yeux sur certains faits intriguants, en viennent à que certaines adoptions soient contraires à l'intérêt le plus élémentaire de l'enfant, qui est de pouvoir vivre avec ses parents s'ils existent, ou même dans leur pays d'origine, si jamais ils sont adoptables par d'autres personnes.

Il me semble qu'il y a eu un abus d'interprétation d'un principe auquel nous croyons toujours, qui un consensus moral, dans notre société contemporaine, qui est que l'adoption est de promouvoir l'intérêt de l'enfant, et rien d'autre."

 

 

xYves TESSIER D'ORFEUIL est Diplomate. Chef de la mission de l'adoption internationale, Ministère de l'Europe et des affaires étrangères

 

"En mars 2024, il y a eu une reconnaissance de manquements collectifs et le gouvernement a demandé au Conseil National de l'adoption, et au Conseil National des origines personnelles, d'émettre un avis conjoint, qui a été transmis à la fin du mois d'octobre, depuis lors, en raison de la politique intérieure, il n'y a pas eu de prise de position vis à vis de cet avis conjoint. Je crois que l'attente des personnes adoptées en France, c'est d'aller un peu plus loin dans cette reconnaissance, il y a de nombreuses recommandations dans ce rapport, l'idée peut-être d'une commision indépendante, et il y a le souhait aussi que l'Etat prenne en main la recherche des origines, une aide, c'est déjà inscrit dans la loi Taquet de 2022, la création d'un guichet unique, un lieu où ces personnes puissent connaître leurs origines."

Faut-il interdire les adoptions internationales ?

" La Chine, les Pays-Bas en 2024, pour la Suisse en janvier le débat est ouvert pour interdire. Le rapport montre que le développement de l'enfant se fait de façon plus constructive dans un cadre familial que dans une institution.

L'objectif des autorités est qu'il y ait le moins d'enfants possible dans les institutions".

 

 

L'analyse du président de l'association "Adoption Forcée" (PEAF), lanceur d'alerte.
 

L'Aide Sociale à l'Enfance retient les enfants dans les institutions. Il va de soi, que si ces enfants sont adoptés, les gains ne sont probablement plus les mêmes pour les départements. Plus facile ainsi de prendre des mesures d'expérimention de la personne sur les enfants, comme les traitements médicamenteux, qui rapportent donc aux lobbies pharmaceutiques entre autres. N'oublions pas non plus, que l'Etat, donc sur le dos du contribuable, verse chaque année, environ 10 Milliards de subventions aux départements pour leurs dépenses annuelles. Plus de 50 % des enfants placés le sont abusivement. Ces arguments probants devraient nous faire réagir en urgence, face à ces enlèvements en bandes organisées. Toutes les infractions qui suivent sont bien des crimes, mais pourtant, les politiques ne relèvent même pas, puisqu'ils en sont les auteurs. Voyez les modifications en 2003, de l'article 72 de la constitution, qui donne dorénavant, tous pouvoirs aux collectivités territoriales, à titre expérimental. Voyez la modification du code de procédure civile au 1er janvier 2020, afin de donner plus de pouvoir à l'Aide Sociale à l'Enfance, au sujet de l'exécution provisoire de droit. On voit clairement les résultats. Le nombre de placements d'enfants est en nette progression, année après année. Les enfants placés illégalement ne reviennent pas chez eux, alors que le syndicat de la magistrature, se plaint du manque de moyens et les foyers sont de plus en plus dénoncés, quant à l'accueil et à la protection de nos jeunes. Tout ce personnel institutionnel collabore à ce système très lucratif. Ceux qui y ont des intérêts, poussent à la construction de nouveaux établissements d'accueil, plutôt que libérer nos enfants. Il faudrait vérifier les noms des actionnaires au sein de ces associations.

Un système qui s'est franchement déporté de l'adoption internationale, à l'adoption forcée en France.

Comme il dit dans le documentaire, le service d'enquête du journal quotidien suèdois, Dagens Nyheter, a passé en revue tous les pays où la Suède a adopté : La chine, la Corée du Sud, la Colombie, l'Ethiopie, le Chili. Il a découvert un schéma, dont les irrégularités étaient partout dans le monde. Il s'agissait toujours de femmes pauvres qui se faisaient voler leurs bébés, par des intermédiaires, des médecins, des infirmières, des juges, des travailleurs sociaux, qui oeuvraient ensemble. Ils réécrivaient les histoires, abandonnés devant l'hôpital, devant un commissariat de police, une gare etc..

Ne retrouvons nous pas les mêmes procédés en France, par l'ASE et par nos juges ?

Alors les adoptions internationales ont chuté de manière vertigineuse, en France, de 4000 en 2024 à 176 en 2022, le 9 février de cette même année, il était institué une Autorité centrale pour l'adoption chargée d'orienter et de coordonner l'action des administrations et des autorités compétentes en matière d'adoption internationale (article L148-1 du CASF), nommée par la suite par décret "Agence Française de l'adoption".

Les gouvernants désirent ainsi mieux contrôler l'adoption internationale en France, alors que le mal est fait depuis des décennies, pourtant condamnée en 2000, pour la déportation de 1500 enfants réunionnais dans certains départements de la métropole, comme la creuse. Voudrait-on ainsi se dédouaner d'un trafic institutionnel d'enfants ?

Voudrait-on faire croire que la France, s'attaque à la fraude en matière d'adoption internationale, alors qu'elle n'existe pratiquement plus ? L'Etat comme les agences d'adoption ne peuvent plus rentabiliser, cette marchandisation des enfants. Encore une fois, les mauvaises intentions sont masquées par des mots ou des formules. Les placements d'enfants de manière frauduleuse sont des "adoptions forcées", qui représentent plus de 100 000 cas (voire bien plus) sur 208 000 enfants placés en 2022. Ces chiffres sont en hausse, nous sommes en 2025.

Nous assistons en direct, à la destruction des familles en France, qui préfère préparer soigneusement la future relance de l'adoption internationale, plutôt que de libérer nos enfants de cet emprisonnement.

Certains pays ont réagi suite aux conclusions de l'enquête gouvernementale aux Pays-Bas en 2021. La France fait la sourde oreille et préfère continuer son business de manière sournoise, les enfants prisonniers font travailler beaucoup de travailleurs sociaux. Selon le Journal le Figaro en 2018, et selon les statistiques de la Drees, la France comptait 1,3 million de travailleurs sociaux (éducateurs spécialisés, assistantes sociales, assistants maternels etc).

Comme le dit très bien Xavier IACOVELLI, sénateur, il faut accélérer les procédures de délaissement et donc d'adoption, plutôt que de laisser ces enfants en placement dans l'institution. Mais le danger est bien présent pour toutes les familles abusées par les Départements, de voir maintenant leurs enfants adoptés officiellement. Il faut donc ressortir impérativement et dans l'urgence, les enfants placés illégalement, en prenant en compte qu'ils sont maintenant perturbés comme le sont leurs parents, et cela avant que de nouvelles lois s'imposent sans discernement.

Vous n'êtes pas seuls, il faut maintenant nous structurer et agir fermement.

Tout mon soutien aux victimes, enfants, parents, et toute personne trahie,

le 5 juin 2025

Franck

"Il me semble qu'il y a eu un abus d'interprétation d'un principe auquel nous croyons toujours qui est un consensus moral, dans notre société comtemporaine, qui est que l'adoption est de promouvoir l'intérêt de l'enfant, et rien d'autre." Jean MIGNOT, sociologue et démographe, chercheur au CNRS.

"Comment est-ce que notre législation, notre vision aussi des enfants français fait en sorte que l'on ne maintienne pas systématiquement le lien biologique, avec des enfants qui sont mis à l'ASE par exemple, qui sont du coup, on sait très bien qu'ils sont placés à 3 mois, et ils vont être placés jusqu'à 18 ans, (...), plutôt qu'être dans une famille aimante et accompagnante." Xavier IACOVELLI, vice-président du Sénat.

"Le rapport montre qu'un développement de l'enfant se fait de façon plus constructive dans un cadre familial que dans une institution. Un objectif des autorités, c'est qu'il y ait moins d'enfants possible dans les institutions." Yves TESSIER D'ORFEUIL, chef de la mission de l'adoption internationale.

 

 

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